05-04-2023 Environnement

Paysagisme urbain : attention à la tentation du « blandscaping »

Le vivant ne peut être appréhendé sans une stratégie au cas par cas, au risque de créer des espaces verts beaux de l'extérieur… mais inertes à l'intérieur.

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De l'enfilade de jardinets en zone urbaine aux toitures végétalisées prêtes à l'emploi, difficile de ne pas se laisser tenter par ce qui semble être des « solutions miracles ». Pourtant, le vivant ne peut être appréhendé sans une stratégie au cas par cas, au risque de créer des espaces verts beaux de l'extérieur mais inertes à l'intérieur, dans lesquels seule une petite élite de la biodiversité peut s'épanouir. Une tendance contre-productive qui porte désormais un nom : le Blandscaping.


Quand la standardisation de la nature en ville prend racine

Les enjeux pour construire des villes vertes sont si nombreux que la très grande majorité des collectivités, dans le monde entier, ont déjà entrepris des actions concrètes pour s'adapter. Cela va de l'arrêt de l'utilisation des produits phytosanitaires pour l'entretien des espaces verts à la végétalisation des cours d'écoles ou la conception de quartiers bioclimatiques, comme celui de La Sauvegarde.

Cependant, par méconnaissance des spécificités de leur paysage, par manque de moyens ou par volonté de suivre un calendrier politique offrant trop peu de latitude, certaines collectivités sont tentées de recopier des stratégies de végétalisation qui ont réussi ailleurs

Cette approche générique, sans considération pour les problématiques locales, résulte en une standardisation de la nature en ville, appelée plus communément Blandscaping (de l'anglais bland, fade, et landscaping, paysagisme). Une approche qui ne résout rien, et qui peut même empirer la problématique initiale.

Pourquoi le Blandscaping est-il un problème ?

Si s'inspirer est totalement souhaitable, recopier sans prendre en compte le climat local, les essences végétales ni les espèces animales indigènes, résulte en des paysages vides de biodiversité… et de sens.

Ces projets conçus pour être avant tout attractifs et faciles à entretenir pour les êtres humains poussent en réalité petits mammifères et hyménoptères autochtones hors de leurs frontières. Ceci mène à un nouveau type de gentrification écologique, processus où seuls les pigeons, souris et plantes envahissantes peuvent réellement s'épanouir au détriment du reste du monde animal et végétal. La pérennité même de ces espaces végétalisés pose question. Prenons en exemple les microforêts Miyawaki, une méthode ingénieuse mais souvent appliquée sans prendre en compte la résilience des arbres et les spécificités locales, dans lesquelles les chercheurs ont constaté une surmortalité des plants allant de 61 à 84 % (1).

Le principal écueil à éviter consiste à penser que la végétalisation est forcément plus souhaitable que laisser un terrain en l'état. Dans le cas des friches post-industrielles, il a été prouvé que les remplacer par des bâtiments aux toitures végétalisées standardisées et des espaces verts ornementaux faisait au contraire disparaître une grande partie de la biodiversité qui s'y était installée (2). 

Comment éviter de tomber dans le piège du Blandscaping ?

Faute de connaissances sur le sujet, il est facile de faire du Blandscaping sans en avoir conscience. Rajoutons à cela que certains architectes peu avertis demandent la caution d'un paysagiste dans le seul but de rendre leurs projets viables d'un point de vue réglementation. Par ailleurs, la question de l'entretien et des bénéfices sur le long terme des espaces verts ainsi créés est bien souvent oubliée de l'équation.

Pour éviter le Blandscaping, voici quelques conseils : 

  • Entourez-vous de bureaux d'études spécialisés en génie écologique qui pourront vous apporter un point de vue global, prenant en compte la biodiversité et les caractéristiques de votre territoire, lors d'études de terrain préliminaires.
  • Faites appel à des professionnels du paysage qui ont une connaissance pointue du terrain, du climat et des plantes locales.
  • S'inspirer des bonnes pratiques, c'est très bien, et s'inspirer de ce que fait la nature, comme avec le design biophilique, c'est encore mieux. Mais attention, s'inspirer ne veut pas dire copier !
  • Ne succombez pas à la tentation de créer des espaces verts et bâtis végétalisés uniquement pour revaloriser votre foncier : les nouveaux aménagements doivent avant tout être utiles (pour la biodiversité tout comme pour les usagers) !
  • Consultez notre dossier dédié sur l'intégration de la biodiversité dans une collectivité dans lequel vous apprendrez comment adopter une approche systémique de l'arboriculture urbaine, comment recréer une trame verte et bleue, et bien d'autres sujets.

Vous avez besoin de solutions personnalisées pour incorporer la nature en ville et ne savez pas par où commencer ? Le salon Paysalia vous invite à rencontrer des experts qui pourront vous aiguiller sur la meilleure stratégie à adopter, et vous permettront d'éviter les écueils du Blandscaping.

Rendez-vous sur Paysalia


(1) Agence Régionale de la Biodiversité : Renaturer les viles, méthode, ) exemples et préconisations
(2) The Nature of Cities : Blandscaping that Erases Local Ecological Diversity

© Crédit photo : Barbara Helgason / Adobe Stock

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