À la rencontre du drone, l'innovation qui facilite la vie du paysagiste
Pour une meilleure gestion des espaces verts, le drone s'impose comme une des dernières révolutions du secteur du paysage.
Le drone deviendra-t-il un élément incontournable de la boîte à outils du paysagiste ? Pour Claude Courvoisier (Société Forestière de Dijon) et Benoit Brissinger (Unep), c'est une évidence. Il faut dire que les services rendus par ces aéronefs sont si nombreux que l'on aurait tort de s'en priver pour gérer les espaces verts ! Ces nouvelles perspectives ont été présentées lors de la conférence de paysagisme « Et si les drones étaient nos meilleurs alliés ? » sur le salon Paysalia 2019.
Pour le paysagiste, le drone offre de précieux avantages
Tout comme pour la réalité virtuelle qui s'implante dans le secteur du paysage, le drone est une innovation qui ouvre des perspectives pour travailler différemment et, surtout, plus efficacement au sein des aménagements paysagers. Il ne s'agit pas de remplacer le paysagiste, mais de l'accompagner au quotidien en lui offrant plus de possibilités.
Pour des mesures plus précises dans les espaces verts
Tout paysagiste qui entreprend un reboisement à grande échelle se heurte à la difficulté de jauger précisément l'état de santé des plantations. Une rangée d'arbres pourra être saine, tandis qu'une autre cachée plus loin pourra être attaquée par des ravageurs et passer sous le radar de l'oeil humain. Avec un drone, on prend de la hauteur - littéralement - pour obtenir un meilleur diagnostic des espaces verts.
On peut également mieux mesurer les hauteurs et les surfaces, ce qui est très utile pour connaître le périmètre d'une zone ravagée par un incendie par exemple. Le cubage de piles peut devenir un jeu d'enfant avec une précision redoutable, notamment en milieu forestier où cuber des arbres sur pied peut s'avérer laborieux.
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Pour un gain de temps conséquent au travail
Avec un drone, il est possible de cibler en quelques minutes un dépérissement sur des feuillus ou la reprise de feu dans une zone incendiée. Un gain de temps considérable pour agir lorsque la végétation est en péril ! C'est également un bon outil pour évaluer les taux de reprise dans les plantations, où l'on peut perdre beaucoup de temps sur de grandes surfaces.
Voici quelques résultats chiffrés partagés lors de cette conférence de paysagisme :
- Lors d'un cas pratique pour mesurer l'ampleur d'une attaque de scolytes sur des épicéas communs, 4h de travail se sont transformées en 1h30 avec un drone (dont 14 min de vol).
- Lors d'un inventaire forestier résineux, le drone a fait gagner 60 % de temps pour connaître le nombre de pieds sur une parcelle.
Pour conclure de nouveaux contrats d'aménagements paysagers
En sa qualité de membre de la commission Innovation de l'Unep et en tant que paysagiste, Benoit Brissinger en est persuadé : le drone va devenir un argument de vente pour décrocher de nouveaux contrats d'aménagements paysagers.
Il permet non seulement d'établir des devis plus précis (par exemple en calculant le nombre de mètres cubes à évacuer), mais aussi de fournir une vue globale d'un terrain, élément essentiel pour concevoir un aménagement paysager qui s'intègre parfaitement à l'existant… et ainsi mieux vendre une prestation. Couplé avec un logiciel de conception, cette projection ne laisse plus aucune place aux mauvaises surprises : le client paie pour ce qu'il voit. En bref, le croquis, c'est fini, place au virtuel !
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Piloter un drone ne s'improvise pas : quelques contraintes à prendre en compte
En France, l'utilisation d'un drone est réglementée. Certaines zones sont interdites au vol tandis que d'autres sont soumises à restrictions. Les drones de plus de 800 grammes sont régis par une réglementation spécifique, avec l'obligation d'enregistrer l'appareil auprès de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). Quel que soit le type de drone, il n'est pas possible de voler au-delà de 150 mètres de hauteur. Pour travailler dans une zone peuplée, il est nécessaire de remplir une déclaration préalable au vol auprès de la préfecture (comptez 3 à 4 semaines pour obtenir une autorisation).
Qui dit nouvelle technologie, dit également formation ! Il est obligatoire de faire une formation théorique et pratique spécifique pour devenir télépilote de drone professionnel : c'est indispensable quand on utilise un drone en tant que professionnel du paysage. Cette certification fait partie intégrante de la formation professionnelle, et bénéficie donc de nombreuses possibilités de financement : CPF, Pôle Emploi, AGEFICE… C'est une réelle valeur ajoutée pour développer son activité de paysagiste !
Topographie, repérage de maladies, prises de vue, inspection d'ouvrages paysagers… La démocratisation du drone n'en est qu'à ses débuts, mais le secteur du paysage surveille déjà de près les prochaines innovations en la matière. Car avec une telle technologie, qui sait jusqu'où le champ des possibles peut s'élargir pour les aménagements paysagers ?
Retrouvez les innovations paysagistes présentées sur Paysalia
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