20-03-2023 Ville Verte

Canicule en ville : 5 solutions pour lutter contre les îlots de chaleur urbains

La qualité de vie et la santé des habitants de demain dépendent des aménagements paysagers, urbanistiques et sociétaux mis en place dès aujourd'hui.

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En été, les métropoles subissent de plus en plus des températures excessives dont le danger est accru dans les îlots de chaleur urbains (ICU). Au sein des collectivités, une question est inévitable : comment lutter efficacement contre la canicule en ville ? Pour éradiquer les îlots de chaleur, des solutions existent et permettent bien souvent d'adresser en même temps d'autres problématiques comme la pollution de l'air ou la protection de la biodiversité. Découvrez-en 5 illustrées d'exemples concrets !


1. Intégrer des poumons verts dans l'aménagement urbain

Entre Paris et sa banlieue, la différence de température peut atteindre 10°C la nuit en période de canicule (1). La faute aux « canyons urbains », ces îlots de chaleur bloqués dans les rues qui emmagasinent jusqu’à 90 % du rayonnement solaire. 

Les espaces verts, arbres plantés en pleine terre, façades et toitures végétalisées agissent comme des climatiseurs naturels grâce à l'évapotranspiration et l'ombrage des feuilles sur le sol, en plus de dépolluer l'air ambiant. Entre une surface bitumée et une surface végétalisée, la température d'une zone peut baisser de plus de 5°C (2).

Quelques exemples :

  • À Lyon, la ville fait pousser une canopée urbaine et fera planter 300 000 arbres d'ici 2030 pour atteindre 30 % de surface de forêt urbaine.
  • À Strasbourg, une des solutions retenues pour lutter contre les îlots de chaleur urbains passe par la végétalisation des cimetières.
  • Les murs et toitures végétalisés permettent principalement de réduire la température de surface et dépendent beaucoup de l'irrigation de leur substrat pour cela. Utilisés conjointement, leur pouvoir rafraîchissant sur une ville est non négligeable comme à Londres, où une rue canyon a ainsi perdu 4°C. (3)

2. L’utilisation de l’eau sous toutes ses formes

Pour faire baisser la température lors de fortes chaleurs, les bassins paysagers, plans d'eau, noues, cours d'eau et jeux d'eau sont des aménagements urbains très utiles. Le bon arrosage des espaces verts joue lui aussi un rôle crucial, puisqu'en apportant la bonne quantité d'eau, on maximise la capacité des végétaux à séquestrer le carbone et à rafraîchir l'air ambiant. Mais attention à la préservation de l'eau et aux risques d'inondations lorsque le sol est trop sec ! Bonne gestion de l'eau pluviale et adoption de l'arrosage automatique seront vos meilleurs alliés.

Quelques exemples :

  • Faisant écho à l’adage « l'eau, c'est la vie », Rome fait partie des (nombreuses) villes qui ont fait le choix simple et économique d’installer des brumisateurs publics, gagnant ainsi 7,9°C sur la température ressentie au sein de la brume (2). 
  • Au début des années 2000, Séoul a remis à l'air libre l'une de ses rivières au-dessus de laquelle passait une autoroute. Devenue véritable poumon vert de la capitale coréenne, la présence de la rivière abaisse la température de 3 à 5°C dans ses alentours ! (4)

4 pistes pour économiser l'eau dans les espaces verts

3. Repenser les revêtements des sols et des bâtiments 

Prendre en compte la valeur d'albédo des surfaces, c'est-à-dire leur capacité à réfléchir le rayonnement solaire sans le stocker, est indispensable pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. Elle s'exprime de 0 à 1 : plus cette valeur est faible, plus le revêtement retient la chaleur. L'albédo moyen du bitume étant de 0,07 ! Désimperméabilisation, matériaux avec une bonne inertie thermique et colorimétrie des revêtements sont autant de pistes d'action à suivre.

Quelques exemples :

  • À Los Angeles, l'expérience des « Cool Pavements » fait baisser de 6 à 7°C la température des grandes artères de la ville repeintes en blanc. (5) 
  • À Milan, l'augmentation globale de 0,5 de l'albédo des surfaces urbaines a permis de diminuer de 3 à 6°C la température ressentie, et le passage à des revêtements réfléchissants blancs a réduit de 0,4 à 0,8°C la température de l'air. (2)
  • Les revêtements innovants sont de plus en plus nombreux et aboutis, comme le géotextile dépolluant Amter conçu pour les parkings, ou les matériaux à changement de phase. 
  • Et n'oublions pas les panneaux solaires qui peuvent remplacer de manière très utile des surfaces à faible valeur d'albédo, car ils se refroidissent beaucoup plus vite une fois la nuit tombée !

4. Intégrer les enjeux bioclimatiques dans l'implantation des bâtiments

Si la tendance était pendant longtemps de construire des habitations plein sud, ce n'est plus forcément un atout lorsque la canicule s'installe. Dès la conception d'un nouveau quartier, il faut prendre en compte l'espacement et l'implantation des bâtiments pour tirer parti des vents dominants et créer une ventilation naturelle. L'isolation thermique et la présence de structures d'ombrage (voiles, auvents, galeries…)  jouent également un rôle fondamental.

Quelques exemples :

  • À Lyon, dans l'écoquartier La Duchère, le projet d'urbanisme vert La Sauvegarde prend en compte les enjeux climatiques dans l'orientation des bâtiments.
  • À Tel-Aviv, les bâtiments de style Bauhaus ont été adaptés aux contraintes climatiques locales. Parmi les solutions employées pour garantir le confort thermique, retenons les balcons étroits et ombragés pour profiter de la brise marine, et la construction sur des piliers pour laisser l'air circuler sous les habitations.

5. Adapter les comportements individuels et collectifs

Lutter contre les îlots de chaleur ne peut se faire sans un ajustement des comportements et une meilleure gestion de la vie urbaine. Entre l'omniprésence des moteurs thermiques en centre-ville, le recours irraisonné à la climatisation, une méconnaissance des bons gestes à adopter et une adaptation trop partielle — voire inexistante — des horaires de travail en pleine canicule, il y a tant de pistes d'action à suivre pour réduire l'émission de chaleur anthropique !

Quelques exemples : 

  • De nombreuses villes diminuent drastiquement la présence de voitures dans leurs centres-villes en mettant en place des parkings-relais, en densifiant le maillage et la fréquence de leurs transports en commun et en créant des pistes cyclables.
  • Les campagnes de prévention permettent de rappeler les gestes individuels à adopter pour rafraîchir son intérieur ou les locaux d'une entreprise tout en limitant le recours à la climatisation, qui sans cela sera multiplié par 3 en Europe d'ici 2050 (2).

Les épisodes de canicule en ville seront encore plus nombreux et plus longs dans les décennies à venir. La qualité de vie et la santé des habitants de demain dépendent des aménagements paysagers, urbanistiques et sociétaux mis en place dès aujourd'hui !


(1) Agence Parisienne du Climat : Pourquoi fait-il plus chaud en ville ? Un micro climat parisien marqué par le phénomène d’îlot de chaleur urbain
(2) ADEME : Rafraîchir les villes des solutions variées
(3) Unep : Les bienfaits sur le climat
(4) Landscape performance series: Cheonggyecheon Stream Restoration Project
(5) Sud Ouest: À Los Angeles, de la peinture blanche sur les routes contre la chaleur

© Crédit photo : Pixarno / Adobe Stock 

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